France, un grand foutoir par François Sorton

France, un grand foutoir par François Sorton
Une équipe nationale enquiquineuse à souhait, une Ligue 1 qui marche sur la tête et licencie trois entraîneurs après seulement huit journées, le foot français adore se vautrer dans un grand foutoir.

Impossibilité de jouer
Vous êtes champion du monde, vous accueillez la Turquie, nation plutôt faible du football, vous avez besoin de gagner pour terminer en tête de votre groupe, que faites-vous  ? Vous titularisez Tolisso, Matuidi et Sissoko, trois milieux de terrain à vocation défensive avec lesquels mettre hors de position des défenses renforcées est une gageure. Vous ne pouvez pas inspirer le football avec un trio d’athlètes qui n’ont pas un sens inné du jeu. C’est une question de profil, de nature de joueur. Deschamps aime ce type de footballeurs susceptibles de perforer des murs à coups de boutoir ou de raids individuels. C’est trop indigent techniquement, trop pauvre dans la création. La France est certes devenue championne du monde ainsi mais l’état de grâce, cet état où vous marquez 4 buts avec 2 occasions –on n’exagère même pas- ne dure pas vitam aeternam. Alors, l’équipe de France rame et face à des équipes qui n’ont pour seul souci que de se protéger, se casse le nez avec des combinaisons téléphonées où le seul Griezmann ne peut à lui seul porter le poids du jeu. En ayant gagné la Coupe du monde, l’occasion était belle de prendre plus de risques, de sortir d’un jeu stéréotypé, sans verve, ni fantaisie. Mais non, Deschamps ne changera pas et les Français continueront à frustrer tous les passionnés du jeu. Il est symptomatique que Giroud passe pour le sauveur de la patrie alors qu’il n’a pas été titulaire une seule fois en championnat avec Chelsea. Benzema est le meilleur buteur du championnat espagnol (6 buts) en étant si brillant (hormis le match contre le PSG en Ligue des Champions)) qu’on ne connaît pas actuellement d’avant-centre au monde qui lui soit supérieur. Le débat est clos depuis longtemps...
Ligue 1  : de mal en pis
L’an passé, 4 ou 5 équipes se présentaient dans des schémas en 4-5-1. Cette saison, une dizaine. On a beau argumenter ce qu’on veut, c’est évidemment une prime à la défense, d’autant que les latéraux censés occuper les côtés manquent de technique dans leur rôle offensif et qu’au milieu il y a toujours deux milieux défensifs. Sur les 90 matches disputés à ce jour, 44 avaient le triste privilège d’afficher 0-0 à la mi-temps. C’est une mesure à la hauteur de l’ennui que procure une Ligue 1 dont les entraîneurs sautent comme des fusibles. Trois pointent déjà à l’ANPE. A Saint-Etienne, qui a de grosses ambitions (son budget dépasse pour la première fois les 100 millions d’Euros), l’idée d’asseoir sur le banc Ghislain Printant était insolite, si ce n’est excentrique. Printant avait été un entraîneur sans succès à Bastia où son leitmotiv ne variait pas après chaque défaite  : «  Cet arbitre n’aime pas la Corse  ». Les Verts jouaient très mal, on ne devinait même pas leur idée directrice. Le bonhomme Printant est donc remplacé par le rigoureux Claude Puel. Ca devrait aller mieux. A Toulouse, Antoine Kombouaré va prendre la place d’Alain Casanova, entraîneur curieux. Lorsqu’il est en période de chômage, Casanova raconte qu’il ne rate pas un match du Barça et qu’il veut s’en inspirer. Lorsqu’il reprend du service, il fait exactement le contraire de ce qu’il dit puisqu’il ne jure que par un football ultra-défensif. Kombouaré arrive avec son statut de pompier de service. A Lyon, personne n’a rien compris –nous les premiers- à ce que désirait Sylvinho, qui fut un remarquable latéral gauche à Arsenal puis à Barcelone où il a gagné la Ligue des Champions sous Guardiola en jouant quasiment ailier gauche. Sa première consigne à Lyon fut d’interdire à ses latéraux de monter. Visiblement, personne et en premier lieu les joueurs n’ont saisi ce qu’il voulait. L’Olympique Lyonnais a réalisé des matches absolument catastrophiques indignes d’un effectif de bonne qualité. L’idée de le remplacer par Laurent Blanc tenait la corde et la route. Finalement, ce sera Rudi Garcia, toujours là pour flairer les bons coups. Une chose est sûre  : Lyon ne pourra pas faire plus mal. Combien d’entraîneurs ne passeront pas l’hiver  ? Les paris sont ouverts