France  : des lendemains qui déchantent  ? par François Sorton

France  : des lendemains qui déchantent  ? par François Sorton
Lorsqu’elle est championne du monde, on ne tombe pas en pamoison devant l’équipe de France, encore moins devant Didier Deschamps, son inspirateur aux passions tristes. Le match désastreux livré aux Pays-Bas ne peut qu’attiser un désenchantement grandissant même si la rencontre plus convenable contre l’Uruguay adoucit le sentiment

Les limites du foot hormonal
D’un micro égaré dans les vestiaires des Français durant la Coupe du Monde, résonnent les injonctions de Deschamps  : «  Pas de fioritures, les gars, on n’est pas là pour ça. On ne laisse aucun centimètre de libre, on boucle tous les espaces, on joue le couteau entre les dents  ». Le message du foot gonflé aux hormones est passé, les tricolores ont été sacrés. Deschamps avait su créer un groupe, un état d’esprit, une confiance. Mais un esprit commando nourri pendant 5 semaines de vie commune et harmonieuse résiste-t-il à l’éparpillement qui s’ensuit, aux obligations des clubs, à des objectifs aussi quelconques qu’une Ligue des Nations, embouteillage dans un calendrier surchargé  ? Que reste t-il quand vous n’êtes plus stimulé par un projet commun, que vous n’avez plus trop envie  ? Il reste ce qu’il y a de plus précieux en football  : le fond de jeu, la maîtrise technique qui permettent de compenser les insuffisances. A Rotterdam, la France a été incapable de se faire deux passes de rang, a refusé le jeu pendant 90 minutes dans des proportions telles que sa prestation fut indigne d’une équipe où trois joueurs sont postulants au Ballon d’Or. Deschamps devrait en avoir honte. Mais un sélectionneur champion du monde n’a jamais honte. Il attend le printemps 2020 et le championnat d’Europe des Nations où il est convaincu que le même anti-football conduira à la même apothéose. Il est trop tard pour qu’il change ni même qu’il évolue. Pourquoi aimerait-il le jeu alors que son cynisme l’a toujours mené vers les plus grands succès  ? Peut-être devrait-il faire attention. Et si le but de la 91ème minute des Pays-Bas contre l’Allemagne qui mettait la France en vacances était annonciateur de l’éloignement de cette bienveillante étoile qui le protège depuis la nuit des temps  ? C’est assez brutal et méchant mais on dirait «  bon débarras et que vive le foot  !  » Après tout, qu’a fait de mal le passionné moyen pour s’ennuyer si souvent pendant 90 minutes quand il pourrait être béat devant un potentiel si intéressant  ?