Les promesses de Rennes par François Sorton

Les promesses de Rennes par François Sorton

La règle si familière du «  tel père, tel fils  » a ses exceptions. Ainsi, dans la famille Stephan, on préférera le fils Julien, 38 ans, entraîneur de Rennes, au père, Guy, 63 ans, indéfectible adjoint de Deschamps. Ce qui les différencie  ? Le fils aime le football quand le père n’aime que la victoire.
.

Sur le bon chemin
On vous avouera qu’on a longtemps dédaigné jeter un œil sur une équipe de Rennes dont on pouvait penser que le jeu était calqué sur celui de l’équipe de France au nom de l’amalgame père-fils. On avait bien lu, au détour d’une interview, que Julien aimait le foot de possession et le Barça des grandes années mais il y a tant de fanfarons qui disent ça qu’on n’y avait pas prêté garde. A tort.
Un dimanche soir au Parc des Princes contre le PSG, on avait été étonnés par la qualité de jeu des Bretons qui avaient fait une première heure épatante avant de flancher et de boire la tasse (5-1). Mais leur maîtrise technique, leur générosité, leur audace nous avaient tapé dans l’œil. Il y eut ensuite des hauts et des bas, plus de bas que de hauts d’ailleurs et ce n’est pas la qualification heureuse contre le Betis Séville en Ligue Europa qui forge notre jugement. Non, ce qui autorise plus sûrement la louange, c’est le désir de provoquer l’adversaire, de jouer haut, d’essayer de faire le jeu.
Les Rennais ne réussissent pas tout et font même des matches médiocres par trop d’approximations mais ils sont sur le bon chemin. Les défenseurs relancent court (on reparlera sûrement du latéral gauche Bensebaini) pour trouver l’excellent Grenier ou les plus besogneux André ou Bourigeaud qui s’évertuent à poser le jeu même si c’est moins facile pour eux. En pointe, Niang à gauche et surtout Sarr à droite sont de purs ailiers qui vont très vite et marquent. Tout irait mieux pour eux si Ben Arfa retrouvait un peu de sa superbe. Il est encore capable de quelques accélérations foudroyantes mais son indolence générale et son excès d’individualisme ne lui permettent pas d’influencer le jeu comme son talent le réclamerait.
Il faut être indulgent avec une formation qui a eu le lourd handicap d’être entraîné jusqu’à novembre dernier par Sabri Lamouchi, dont les conceptions footballistiques sont à l’opposé de celles de Stephan, qui a pris le train en marche et qui est en train de faire de Rennes une équipe en devenir. Il mériterait qu’on lui donne ce qui manque le plus au football  : le temps de construire. Alors, bien sûr, ce n’est pas le Pérou mais dans un championnat si grisonnant, un sourire est le bienvenu. Celui de Julien Stephan l’amènerait-il à faire une aussi longue carrière que son père  ? On le lui souhaite, il est en tous cas bien parti.