Coupe du monde 2022  : ça commence plutôt pas mal, par Simon Lebris.


«  Faut voir comme on nous parle  », chante Alain Souchon avec une justesse qui n’est pas près de se démentir.
A combien s’y sont-ils mis pour organiser une Coupe du Monde dans un pays surchauffé, pas plus grand qu’un de nos modestes départements, exploiteur de main-d’œuvre étrangère (il n’est pas le seul), mais tellement riche  !
Et tellement séduisant puisque le président de la Fifa, Gianni Infantino, y réside.

Cette Coupe du Monde est pleine de Qatartufferies, comme l’écrit plaisamment Christian Montaignac dans une chronique du “Midi-Libre”.
Le port du brassard “on love” a déjà alimenté pas mal d’éditoriaux à propos d’une situation morale impensable ici  : l’homosexualité entre personnes de confession musulmane est passible de la peine de mort (sept ans de prison pour les autres)  !
«  Tout ça va continuer à battre son plein  », a prophétisé la ministre Amélie Oudéa-Castera.

En attendant une finale que de trop nombreux amoureux de ce sport souhaitent 100% sud-américaine, et bien que l’Argentine se soit pris les pieds dans le tapis saoudien, on peut toujours s’aventurer à regarder les matches.

Y compris jusqu’aux prolongations qui s’étirent jusqu’à de vraies 90 minutes.
On va commencer par la France du malchanceux mais opportuniste Deschamps, contraint de s’abstenir de ses piliers Pogba et N’Golo Kanté, de devoir se passer du Ballon d’or Benzema, du deuxième gardien Mike Maignan, de Lucas Hernandez blessé dès le premier match contre l’Australie.
Mais avec le revenant Giroud en passe de devenir le meilleur buteur des Bleus, avec un Mbappé que certains n’hésitent pas à comparer à Pelé et qui se montre effectivement excellent car plus collectif qu’au PSG sans rien perdre de sa spontanéité ni de sa vivacité, l’équipe de France peut atteindre le but que Noël Le Graët, le docile président de la FFF, lui a assigné  : les demi-finales.
Mais honnêtement on ne la voit pas se succéder à elle-même.

Pour une première journée (répartie en cinq jours), on a quand même eu droit à des résultats inattendus  : l’Allemagne battue par le Japon, l’Uruguay (qui n’est plus ce qu’il était) accroché par la Corée du Sud, la Belgique de Bruyne freinée par le Canada.
L’Espagne a cartonné face au petit Costa Rica où le gardien sans jouer du PSG a garni sa valise de sept buts dont un signé de Gavi, désormais plus jeune buteur en CdM après l’inoubliable Pelé.
Justement le Brésil, grand favori de l’épreuve avec un Neymar remonté comme jamais malgré la défaite de son champion Bolsonaro aux récentes élections présidentielles, a conclu cette première journée des phases de groupes après que le pays qui l’a conquis, le Portugal, a fait chuter un Ghana résistant malgré trois buts encaissés dont un pénalty de Cristiano qui ne semble plus marquer que sur ce genre d’opportunité (on lui en a refusé un autre).
L’histoire, qui enregistre tout, retiendra qu’il est pour l’instant le seul joueur à avoir marqué au cours de cinq Coupes du monde. Une ligne de plus sur un palmarès qui en compte déjà beaucoup et dont l’intérêt reste très relatif.
Quant au Brésil, il n’a pas déployé un jeu flamboyant face à une Serbie athlétique, si on nous permet cette litote. Le superbe ciseau du blond peroxydé Richarlison ne consolera pas Neymar de sa blessure à la cheville.
La première page de ce Mondial où, contre toute attente, il se passe bien des choses sur bien des plans (l’hymne non chanté des Iraniens, le Japon offensif, une Angleterre cartonnante, des conditions climatiques assez idéales, de belles pelouses, un arbitrage très correct et un temps de jeu au plus près du réel), non, on ne va verser dans le dithyrambe, mais on ne va pas pleurer non plus.