Vincent Labrune, un intrigant à la Ligue par François Sorton

Vincent Labrune, un intrigant à la Ligue par François Sorton

Michel Denisot, qu’on ne présente plus, était archi-favori pour prendre la succession du binôme Didier Quillot-Nathalie Boy de la Tour à la tête de la LFP (Ligue du Football Professionnel). A la surprise générale, Vincent Labrune lui a coupé l’herbe sous le pied et sera donc en charge de la gestion du foot professionnel.

«  Pire président de l’OM  »
C’eût été méchant et très abusif d’écrire qu’il n’était pas facile de choisir entre la peste et le choléra, on s’abstiendra donc. Michel Denisot avait les faveurs de tout le gratin du football  : la Fédération présidée par son ami Noël Le Graët , le PSG, Lyon. L’homme a tout faire – et plutôt bien - (journaliste, président de Canal, président du PSG, réalisateur de film) est un courtisan de tous les pouvoirs en place. Il est lisse, ne fait jamais de vague, a beaucoup de charme  : sa vie est un roman à l’eau de rose.

A 75 ans, il encaisse son premier échec. Il est tombé sur un os, Vincent Labrune, un as de l’intrigue, des coups souvent tordus, des basses manœuvres. Il n’a pas digéré son éviction de l’OM où il a siégé sans panache de juin 2011 à juillet 2016. Présenté par le quotidien «  La Provence  » comme «  le pire président de l’OM  », il aura réussi un tour de force en faisant venir Bielsa, qui lui claquera la porte au nez un an plus tard en le traitant de «  menteur  ».
Avec Labrune, il a fallu que Margarita Luis-Dreyfus ait le portefeuille bien rempli car le condottiere sonnait incessamment à sa porte pour avoir des rallonges à n’en plus finir. Il avait lancé le fameux concept «  Projet Dortmund  », en référence au club allemand qui avait le chic pour acheter de jeunes joueurs très prometteurs pour les revendre très cher. Il a tout raté mais ne s’est pas appauvri.
Pendant 3 ans, il a rongé son frein, s’est occupé de son entreprise de communication «  Black Dynamite  » et a tissé ses réseaux à l’hôtel Péninsule, l’un des treize palaces parisiens où il a son rond de serviette.
Tous les présidents de club –hormis Jean-Michel Aulas qui le traitait de «  guignol  »- ont été les hôtes du roi de l’esbroufe et de la fanfaronnade qui leur a expliqué qu’avec Denisot, il n’y en aurait que pour le PSG et Lyon alors qu’avec lui les modestes seraient mieux servis. Voilà donc les affaires des clubs professionnels entre les mains d’un cador de l’art oratoire qui n’a pas son pareil pour endormir son auditoire.

Comment va –t-il s’y prendre pour vendre à l’étranger les droits télé de la Ligue 1 dont personne ne veut  (75 millions par an contre 1,5 milliard à l’Angleterre, 1 milliard à l’Espagne, 750 millions à l’Allemagne, 500 millions à l’Italie)  ? Sera-t-il plus inspiré que ses prédécesseurs dont l’originalité aura été d’inventer le slogan «  La Ligue de tous les talents  » qui s’affichait sans vergogne sur tous les écrans  ? On verra, on ne sait jamais, parfois des hommes peuvent se révéler dans la difficulté.
Mais, bon, ce n’est pas gagné…