Coupe du monde 2022  : Finale  : suspense et favori Par Simon Lebris


France - Maroc le deuxième but français
On a beau clamer qu’on est à deux doigts de la troisième éternité (je parle des Français), il reste tout de même 90 minutes voire 120 et de longues poussières de sable désertique avant d’y être.

A l’aube, nous étions quelques-uns à miser sur une affiche remake de la finale 98.
On est un peu déçu mais la perspective de voir les deux coéquipiers et « les deux meilleurs joueurs du monde », comme on a coutume de les présenter, a de quoi allécher.
On ne fera pas la fine bouche. L’équipe de France ne nous a pas emballés depuis les matches à élimination directe.
Contre la Pologne, Mbappé a sauvé la mise.
Le reste du temps, c’est essentiellement à Lloris qu’elle doit de participer à sa seconde finale consécutive.
Tout le monde évoque le rôle essentiel et discret de Griezmann, replacé au milieu du terrain.
C’est une des trouvailles de Deschamps.

Griezmann fait tout, même des têtes à ras de terre.

On peut lui reprocher son pragmatisme, sa frilosité, mais reconnaissons-lui une faculté d’adaptation aux circonstances défavorables hors du commun.
On ne rappellera que les défections de ses pièces essentielles comme Kanté, Kimpembé ou Pogba à l’orée de la compétition, les absences hier de Rabiot et Upamecano.
François Thébaut louait l’intelligence du joueur Deschamps.
Elle ne l’a pas quitté quand il est devenu sélectionneur.
On peut juste se demander quelle est la part de Guy Stéphan, son fidèle adjoint, dans ses prises de décision.
Serait-il sa conscience, son Jiminy Criket ?

Ce que réalise Messi depuis le début de sa carrière sur tous les terrains du globe n’a pas toujours été couronné de victoires.
Mais sa finesse dans les dribbles, les feintes, les courses, les passes, les tirs, les buts, son art de l’esquive et de la pichenette éblouissent depuis près de vingt ans qu’il évolue au plus haut niveau.

« Quand on a que Messi / A s’offrir en partage »

(Il faut avoir entendu Omar da Fonseca chanter « Messi tu n’existais pas / Le pied droit, le pied gauche… » (musique de Joe Dassin) et enchaîner avec « Quand on a que Messi / A s’offrir en partage » (musique de Jacques Brel) pour mesurer l’impact non maradonesque sur ses compatriotes.)

Avec Alvarez, Tagliafico, Fernandez et consorts, et même si Paredes a hérité de la virilité des gauchos, l’Argentine a une revanche à prendre sur sa défaite 3-4 de 2018 et de quoi remettre l’équipe de France a sa place, d’autant que Benjamin Pavard, buteur inattendu il y a quatre ans, terminera sa punition d’aujourd’hui sur le banc.
Comme tant d’équipes, l’Argentine mise sur le jeu de transition, euphémisme qui cache en réalité ce qu’on appelait naguère jeu de contre-attaque.
Mais elle le fait avec une sorte de tranquillité qu’elle sait marier avec sa “grinta” atavique.
Alors oui, nous avons un favori : nous aimerions beaucoup que le petit Lionel, si peu académique au regard des critères physiques qui prévalent dans le football, soulève enfin le seul trophée qui lui manque.

Argentine - Croatie le deuxième but argentin