Jean Norval est mort en janvier 2000, quelques mois après avoir vécu le
sacre mondial des Bleus de Zidane au Stade de France.
Sa passion suprême pour les choses du football lui a permis de vivre ce moment clé dans l’histoire sportive de la Nation.
Pourtant, lorsqu’il débute en 1960 à Miroir du football, il est loin de
croire en la capacité de la France à se hisser sur le toit du monde, même
s’il sait de quoi il parle.
Pendant près de 40 ans, il va arpenter les stades, tous les stades, des
petites divisions aux plus grandes. Et très vite, il va observer ce sport
changer et prendre une mauvaise direction.
La transformation brutale du football ne crée pas que des vainqueurs.
Ce « grand art populaire », comme il se plaisait à l’écrire, n’est plus
du seul fait des footballeurs, l’argent a largement modifié le panorama.
Dès 1968, il trouve dans la lutte de quoi « libérer » le football. Les
joueurs, jusqu’ici aliénés à leur club par un contrat « à vie », pourront
désormais choisir de le quitter. Puis, il ne va cesser de s’interroger
sur le jeu, sa tactique, son ordonnancement hors et sur le terrain. C’est
la grande affaire de sa vie.
Peu avant de mourir, il remet un manuscrit à son meilleur ami,
c’est le livre que vous tenez entre les mains. Ce texte que nous avons
volontairement laissé tel quel peut paraître daté, à tout le moins hors
de propos. Il n’en est rien, c’est au contraire un véritable texte
d’anticipation, un témoignage de première main.
Le regard de Norval est finalement criant d’actualité. Il évoque pêle-mêle
et bien avant l’heure : les transferts, les paris, les médias - et à travers
eux le rôle de la télévision -, la sociologie du stade - avec ses fans,
ses ultras -.
Jean Norval avait tout vu juste avant les autres, il l’a écrit dans les
pages de Miroir avec ce talent indéniable qui en fait aujourd’hui l’un
des premiers journalistes gonzos spécialistes du football. |
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