Faut-il s’inquiéter pour le Barça  ? par Simon Lebris

Faut-il s’inquiéter pour le Barça  ? par Simon Lebris

Quand on a eu les yeux de Chimène pour le Barça parfois étincelant des années Guardiola (2008-2012), il en reste un peu quelque chose comme il reste par moments un peu de ce jeu dans le Barça actuel. Des moments trop rares et nos yeux d’hier soir, après la victoire trompeuse (4-2) sur le FC Séville alors leader de la Liga, n’étaient bons qu’à pleurer.



Faute d’avoir pu regarder le début de la rencontre, les buts très rapides de Coutinho et Messi, nous n’avons pas pu apprécier l’impact de la sortie de l’Argentin, coude fracturé et absent pour environ trois semaines (il manquera donc le Clasico contre un Real que les départs conjugués et peut-être liés de Ronaldo et de Zidane ont passablement perturbé). Ce que nous avons vu, ce sont des Barcelonais incapables de garder le ballon, de presser haut, de jouer court, de construire. Et ils ne doivent qu’à leur gardien ter Stegen, auteur notamment de deux doubles parades miraculeuses, de n’avoir pas subi une nouvelle défaite après celle contre Leganès, dont c’est seulement la deuxième saison en Liga. Mais d’avoir vu un Rakitic faire rimer son nom avec fantomatique (à part une belle reprise de volée signant le quatrième but), un Dembélé perdant systématiquement les ballons au lieu de chercher à combiner, les défenseurs parer au plus pressé en oubliant le flegme qui faisait leur force et décontenançait l’adversaire, on s’interroge sur les causes d’une évolution qu’on n’aimerait pas irréversible.

Une formation en panne

Depuis quelques années, la Masia ne fournit plus de relève. Qu’il est loin le temps où Tito Villanova, l’éphémère et regretté successeur de Pep Guardiola, avait pu aligner une équipe totalement composée de joueurs issus du célèbre centre de formation. Certes, on ne produit pas à la demande des Messi, des Xavi, des Iniesta, des Busquets, etc. Mais d’avoir dû chercher des joueurs extérieurs non imprégnés de l’état d’esprit du club a pu accentuer la décadence du jeu. Si les intégrations de Suarez, Neymar, Rakitic, Umtiti, Coutinho se sont avérées réussies, celles de Jérémie Mathieu, Alex Vidal, Arda Turan, Lucas Digne, André Gomes, Alcacer, Paulinho n’ont été que passagères, voire décevantes. On attendra un peu pour Arthur, un peu plus Dembélé, Arturo Vidal, Malcom (encore très peu utilisé) ou Lenglet (plutôt remplaçant). Mais il est clair que les dépositaires d’une certaine philosophie du jeu prônée par Guardiola, Xavi et Iniesta en premier lieu, manquent cruellement  : non seulement sur le terrain, mais aussi par les propos qu’ils tenaient dans la presse comme probablement dans le vestiaire.

La reconquista comme objectif

Cela va faire quatre ans que le FC Barcelone n’a plus remporté la Ligue des champions. C’est au contraire son grand rival, le Real Madrid, qui se l’est offerte trois fois de suite. L’objectif avoué de Josep Bartolomeu, le président du Barça, est de la remporter le 1er juin prochain dans le fief de l’Atlético de Madrid, l’Estadio Metropolitano. Valverde aurait-il pour mission de convertir les Blaugranas au réalisme, au jeu de transition (comme ils disent pour ne pas dire “jeu de contre”)  ? La formule est un peu raide et on n’efface pas d’un trait les gènes de la créativité. Mais à l’heure où il n’y a plus guère que Lionel Messi pour les mettre en œuvre, la prudence est de mise. Esperamos e miramos. En français  : « wait and see ». Avec les yeux de Chimène, certes, mais pour le beau jeu seulement.

Simon Lebris