Coupes d’Europe  : bonnet d’âne pour les clubs français
par François Sorton

Coupes d’Europe  : bonnet d’âne pour les clubs français par François Sorton

On n’en est qu’à la mi-temps des phases qualificatives des coupes d’Europe et après tout, rien ne dit que la seconde phase sera aussi calamiteuse  : 18 matches, 3 victoires, 4 nuls, 11 défaites, tel est le bilan des six clubs français engagés, PSG, Lyon, Monaco, Marseille, Bordeaux, Rennes. Une lanterne rouge peut-elle finir maillot jaune  ?


PSG, la locomotive en panne…
«  La Ligue 1 a du talent  », c’est un beau slogan de vente. Les communicants et les publicitaires sont plus inspirés qu’un championnat moribond qui s’est poussé du col après la victoire tricolore en coupe du Monde. Les clubs français ont-ils pensé qu’ils allaient engranger les succès par un simple effet domino  ? La locomotive, le PSG bien sûr, est tombé de haut mercredi soir en subissant la domination d’une très bonne équipe de Naples. Nous avons un peu de mal à expliquer les raisons du couac parisien. Son expression collective a été médiocre, son fond de jeu balbutiant, Verratti et Rabiot, ses deux milieux hors-pair, ont beaucoup couru dans le vide. Adepte d’un jeu plus vertical, Thomas Tuchel en a oublié la construction et Neymar, dans ses raids solitaires, a perdu quantité de ballons qu’il ne s’empressait pas de tenter de récupérer, comme si les efforts défensifs manquaient de noblesse pour lui.
Les Parisiens se prennent-ils pour les Harlem Globe Trotters au prétexte qu’ils gagnent tous leurs matchs en marquant quatre buts en moyenne  ? M’Bappé et Neymar veulent-ils marquer le but de l’année à chaque fois qu’ils touchent la balle  ? Cavani a-t-il envie de changer d’air pour être si absent  ? Le premier de cordée a pris une seconde leçon après celle de Liverpool. C’est encore un avertissement sans frais mais c’est le dernier. Dans une compétition d’un niveau si relevé, les virtuoses parisiens peuvent et doivent mieux jouer.
Lyon est le seul du club des six à avoir respecté son contrat – sur un plan comptable du moins - en faisant un parfait match de contre à Manchester City et en partageant les points avec bonheur contre le Shakhtar Donetsk et à Hoffenheim. Là encore, avec Aouar, N’Dombelé et Fékir – blessé momentanément - l’équipe lyonnaise devrait avoir un profil plus convaincant mais elle est desservie par l’individualisme de Depay, à la recherche constante de l’exploit individuel. Monaco sait déjà qu’il ne verra pas le printemps de la Ligue des Champions. Il verra déjà ce que peut faire Henry. Les deux premiers matches – assez mauvais mais avec une équipe très amoindrie - ne permettent pas de se faire un jugement.

…Et les wagons restent à quai
Alors même qu’il y a un boulevard entre les deux compétitions, les représentants français en Ligue Europa, Marseille, Bordeaux et Rennes rivalisent d’insignifiance  : 1 victoire en 9 matches face à une adversité aussi renommée que Limassol, Astana, Jablonec qui contraignent à revoir sa géographie, ça donne une idée de ce qu’est le ventre mou de notre championnat domestique. Pas grave, disent nos docteurs en analyse footballistique  : les équipes manquent juste de combativité, de nerfs, d’énergie, de générosité, de grandes gueules qui secouent le troupeau. Qu’elles se battent et tout rentrera dans l’ordre  !
Quand un diagnostic et l’ordonnance ne sont pas bons, le malade ne peut pas guérir. Le mal est plus profond  : ces équipes ne réussissent pas parce qu’elles jouent plutôt mal, qu’elles n’ont ni tactique, ni stratégie lisibles, parce que se faire trois passes de rang est une gageure. S’ils suffisaient de courir, Usan Bolt, qui a entamé une reconversion de footballeur, n’aurait pas eu de peine à signer un contrat avec le Central Coast Mariners, club de …seconde division australienne hésitant à l’engager.
Bon, d’accord, tout peut s’arranger pour nos clubs français, nous n’en sommes qu’à la mi-temps. Mais il va falloir que les oranges soient pulpeuses, très pulpeuses.