Cher Messi, par Simon Lebris

Cher Messi, par Simon Lebris

L’occasion était trop bonne  : l’arrivée de la Pulga au Q(atar)SG a inspiré à Simon Lebris une lettre que son destinataire ne lira sans doute pas, mais…

Cher Lionel.....
Cher Lionel,
Ton arrivée en L1 va faire beaucoup d’heureux. Je ne parle pas seulement des spectateurs et spectatrices qui, de Brest à Strasbourg et de Metz à Nice en passant par Angers et Clermont-Ferrand, n’hésiteront par à casser leur tirelire pour aller te voir en chair et en os. Et pour peu que Neymar et M’Bappé ne soient pas blessés ce jour-là, ni toi non plus, ils se diront que notre désormais prestigieux championnat mondialisé abrite la meilleure triplette offensive possible, sans oublier Di Maria, le quatrième mousquetaire. Je parle aussi des dirigeants et trésoriers de clubs, de Vincent Labrune, de Noël Le Graët et même de Jean-Michel Aulas. Grâce à toi, une sarabande de chiffres va faire oublier les conséquences financières de la pandémie, de la faillite de Médiapro, de la flambée du prix des places, etc.

A Miroir, nous avons toujours aimé cette part d’enfance que tu incarnes balle au pied. Que tu aies rasé ta barbe te rend ton visage poupin et rappelle, avec ton petit mètre 70, que le football est d’abord un jeu, tous les bébés du monde qui ne peuvent s’empêcher de courir après une balle qui roule te le diront (dès qu’ils seront en âge de parler). Je sais que, malingre mais déjà tellement doué, tu as débarqué à 13 ans dans cette renommée Masia barcelonaise qui t’a propulsé dans la Liga espagnole, probablement le meilleur championnat question qualité, où tu as passé 21 saisons d’affilée chez les Blaugranas. D’après ce qu’on m’a dit, tu y as marqué la bagatelle de 672 buts en 778 matches auxquels il faut ajouter tes 76 buts en 56 sélections pour ton Argentine natale. Je ne te ferai pas l’affront de gommer tes six Ballons d’or, même si cette récompense individuelle dans un sport collectif, et pour un joueur aussi habile que toi dans les combinaisons à plusieurs, ne nous exalte guère.
«  Ici c’est Messi  » va pouvoir afficher un Parc des Princes devenu trop exigu pour les demandeurs d’exploits, conscients de tes « sacrifices » (40 millions d’euros nets par an contre près de 75 au Barça, raison pour laquelle son président Joan Laporta n’a pas renouvelé ton dispendieux contrat, la masse salariale ne devant pas dépasser 70 % du budget global du club en Espagne. En France aussi, mais dans deux ans seulement.) Ton nouveau club affiche un déficit estimé entre 250 et 300 millions d’euros pour la saison à venir, mais il se dit que ton arrivée va de toute façon générer des compensations impossibles à prévoir.

Je te souhaite bien du plaisir dans une compétition où tu vas devoir enjamber les tacles un peu plus haut sans doute que précédemment. Je nous souhaite aussi bien du plaisir car tu sais, comme n’importe quel aficionado du foot, comme n’importe quel pratiquant, du plus bas au plus haut niveau, que le football est un perpétuel renouvellement  : «  J’ai vécu de nombreux moments difficiles, disais-tu le 8 août dans une conférence de presse pour une fois chargée d’émotion vraie et de larmes qui n’étaient pas de crocodile. J’ai subi beaucoup de défaites, mais il y avait toujours d’autres matches à jouer  ».
Bien dit, Messi, et bienvenue.