D’autres paroles de footeux… par Bernard Gourmelen

Bernard Gourmelen, pour clore son reportage "Passions ivoiriennes : paroles de footeux" (voir sur le site), laisse la parole cette fois à deux jeunes footballeurs qui souhaitent devenir professionnels. Ils sont des exemples typiques de cette aspiration de beaucoup de jeunes Africains à vivre de leur passion, sans garantie de succès...
D’autres paroles de footeux…
Pour compléter la première série d’entretiens réalisée auprès de jeunes footeux, plus ciblée sur la pratique de ce sport dans un cadre informel, poursuivons celle-ci en rencontrant deux autres jeunes footballeurs, âgés de moins de vingt-cinq ans, et qui espèrent, eux, se confronter au monde dit professionnel. Ils ont été soumis aux mêmes questions que ceux précédemment interrogés.

L’esprit foot m’a beaucoup apporté…, par Katakié


Katakié, c’est le surnom que sa mère lui a donné dans sa langue, le baoulé. Cela signifie  : homme courageux, homme guerrier.
Katakié est âgé de vingt-quatre ans. Aujourd’hui, il évolue à l’Académie Football Club Idrix Doumbia à Abidjan. Le club est affilié à la Fédération Ivoirienne de Football (FIF). Katakié occupe le poste de milieu de terrain à vocation défensive.
Ce jeune footballeur d’Abidjan, pris en photographie sur le terrain d’une école à Koumassi, nous raconte ainsi son parcours.

Le football, cela a commencé quand j’étais élève à l’école. C’est un sport que j’adore, pour tout dire c’est ma passion. J’ai rapidement intégré un premier centre de formation à Port-Boué. Je n’avais que douze ans et ce grâce à ma mère qui m’a toujours soutenu. Elle a tout fait avec le peu de moyens dont elle disposait mais j’ai dû quitter le centre car elle n’arrivait plus à payer.


Par la suite, Katakié intégrera d’autres centres de formation comme le Centre Ivoirien de Formation de Football à Koumassi avant d’être repéré par l’Académie où il évolue maintenant. Ce qui ne l’empêchera pas d’effectuer pendant ce temps un essai à Toumodi (à environ 200 km d’Abidjan) dans un centre d’entraînement de football.

J’ai effectué des tests et par mon talent, j’ai été retenu. Le football me prend beaucoup de temps puisque je m’entraîne quatre fois par semaine. Mais, par ailleurs, je dois travailler dans une usine pour pouvoir m’acheter certaines choses et subvenir à mes besoins. Le football pour moi, c’est plus qu’un passe-temps car mon souhait le plus ardent est de devenir un footballeur professionnel. Malgré mon âge, j’y pense toujours et je garde l’espoir de le devenir.


L’équipe de l’Académie Football Club Idrix Doumbia où évolue Katakié, accroupi à l’extrême gauche.
Katakié ne cache pas son contentement de pratiquer ce sport  :

Ce sport dégage de grandes émotions. Lorsque je suis sur le terrain, je ressens un grand plaisir de jouer. En même temps, on fait plaisir à ceux qui nous regardent jouer. Je prends donc beaucoup de plaisir à jouer, je m’améliore et l’esprit footballistique m’apporte beaucoup.

Quand on lui demande de préciser sa pensée, il poursuit  :

Quand je parle d’esprit footballistique, je veux parler du comportement que doit adopter un footballeur comme de prendre soin de son corps, de respecter ses aînés et ses coéquipiers ou bien de bien se conduire, tout simplement.

Quant à l’évolution de ce sport, il se dit prêt à affronter les réalités du football  :

Sincèrement, c’est bien vrai que d’autres se font du fric mais en dehors de cela, il y a la passion et l’amour du football qui passe avant tout  !


Le football, c’est d’abord un jeu…, par Alarsone Hugo Lloris


Alarsone Hugo Lloris est un surnom qui lui a été attribué par le simple fait qu’il évolue comme gardien de but depuis qu’il joue au football. Ce jeune joueur de vingt-trois ans est un footballeur à temps complet.
En effet, Alarsone est actuellement membre du groupe professionnel comme troisième gardien de but, à l’Académie de Football Amadou Diallo de Djékanou (L’AFAD) à Abidjan qui évolue en première division nationale dans le championnat géré par la Ligue Professionnelle de Football de Côte d’Ivoire.

Ce qui m’a amené à pratiquer le football, c’est que de suite j’ai aimé cela et c’est devenu une passion. J’ai quand même pratiqué d’autres sports comme le basket-ball, la natation et le Kung-fu. Mais malgré tout, j’ai préféré le football.

Alarsone a été pensionnaire d’un centre de formation au Centre Sportif International de Football durant trois ans. Par la suite, il intégrera plusieurs clubs de D1 comme l’Africa Sports, l’Alliance d’Indénié à Abengourou en D2, la Jeunesse Club d’Abidjan-Treichville puis l’AFAD. Il a été retenu et il a joué pour la sélection nationale ivoirienne dans les catégories des cadets, des juniors et des espoirs.

Jouer au football, cela m’apporte beaucoup de choses. C’est que tout d’abord le football est un jeu, même si maintenant pour ce qui me concerne, c’est un métier de professionnel. Pour évoluer à un haut niveau, il faut de la discipline, de la concentration pour être gardien de but, c’est indispensable tout comme d’être capable de réagir à toute situation après une réflexion de quelques fractions de seconde.

Pour lui s’entraîner, cela reste un plaisir  :

Comme je l’ai dit précédemment, le football avant que cela soit du professionnalisme, c’est d’abord un jeu donc je prends forcément du plaisir à jouer en match ou à l‘entraînement. Il est vrai que le football a bien évolué et moi aussi. Mon parcours de footballeur m’a fait évoluer parce que j’ai gravi les échelons au fur et à mesure pour en arriver là. Aujourd’hui, je gagne ma vie dans le football et ce n’est déjà pas si mal que cela  ! Même si je n’ai jamais eu de contact avec un club professionnel en France malgré les actes de candidatures effectués auprès de certains centres de formation.


Bernard Gourmelen


Les livres de Bernard Gourmelen ici