Le football passion, versus espagnol! par Bernard Gourmelen

Le football passion, versus espagnol! par Bernard Gourmelen

Ici, nous allons tenter de comprendre comment la passion du football reste attachée à des icones professionnelles telles que les deux grands clubs espagnols que sont le Barca et le Real de Madrid. L’objectif n’est pas de définir quel peut être le meilleur des deux mais de constater que ces jeunes ivoiriens ne se voient que par l’intermédiaire de ces deux clubs espagnols voire la Juventus de Turin ou quelques autres clubs anglais comme ceux de Manchester, d’Arsenal ou de Tottenham.
Pratiquement jamais, un des jeunes footeux ivoiriens ne citent un club de son pays comme l’ASEC Abidjan ou à Gagnoa, le Sporting Club. Seule la sélection trouve grâce à leurs yeux quand l’honneur de la nation Ivoirienne est en jeu.
Ces interviews ont été menées par Carlos Adou au village de Mahibouo, sur la base d’un questionnaire élaboré par l’auteur de l’article.

Romuald pour le Barca…
Je suis fan de football mais l’équipe que je préfère et que je soutiens, c’est le FC Barcelone. Cette équipe produit du bon football. Alors, je suis en priorité les retransmissions des matches du Barca mais je suis les autres matches car je suis un grand fan de football, en général, explique Romuald.
Ainsi au village de Mahibouo où il joue au football, on l’a surnommé Le capitaine. J’ai quatorze ans, je suis en classe de quatrième au collège de Gagnoa. Ce jeune Ivoirien a commencé à pratiquer le football à l’âge de huit ans.
C’est l’amour du football qui m’a amené à jouer. C’était à l’école, au village, tout le temps  : cette période est inoubliable pour moi.
Jouer au football m’apporte la joie, la santé physique, l’amour. Cela permet de se faire des amis, c’est ce qui me pousse à continuer. Je voudrais devenir un grand joueur pour ne pas perdre la forme, rester toujours le meilleur et me faire plein de fans  !


Romuald, le capitaine.

Le football représente tout pour Romuald  : Le football pour moi, c’est la passion car j’ai l’amour de ce sport. Cela reste aussi la distraction principale pour tous les jeunes d’aujourd’hui, comme c’est le cas au village.
Au village, il n’y a pas de club ou d’équipe officielle. Alors, pour jouer des rencontres à caractère plus confirmé, on participe à des rencontres inter-villages, sous la forme de tournois.
Cela se passe bien, nous avons un coach qui nous encadre et nous conseille.
Pour jouer, il nous faut des équipements, c’est ce qui permet d’adhérer à son équipe. Il faut être respectueux, et quand même être un bon joueur. Il n’y a pas de cotisation ni de participation aux frais. On se débrouille pour acheter nos équipements personnels.


L’équipe de Mahibouo lors d’un tournoi au village en juin 2019.

L’équipe représentant le village, c’est souvent celui-ci par l’intermédiaire de la chefferie et par l’animateur pour la jeunesse qui trouve des solutions notamment par des dons d’équipements sportifs, maillots et shorts, venus de France.
Alors, oui, tous les jours que Dieu fait, les entraînements se font sur le terrain du village pour être bien préparé pour les tournois inter-villages.

Romuald et son ami, Zabo Moïse.

Pour revenir au monde du football professionnel, Romuald regarde cela avec intérêt  :
Pour moi, cette pratique est la meilleure. Mais, il y a une très grande différence entre le football professionnel et le mien. Au niveau football professionnel, ils ont tous les équipements, ce qui n'est pas le cas pour le mien. Je pense que le football professionnel est quelque chose de bon et avantageux.
Depuis tout petit, Romuald est un amoureux du ballon rond  :
Ce qui m'a amené à plus aimer le football, c'est la demie finale et la finale de 2012 de la League des Champions qui concernaient les équipes du Barca, du Réal de Madrid et les deux finalistes, le Borussia Dortmund et le FC Bayern de Munich qui l’avait emporté.
Pour finir, je pense que le football c'est quelque chose de passionnant mais être un footballeur est mon rêve de puis tout petit…

Rêve donc, Romuald, tu es en âge de pouvoir espérer faire de ta passion, ta vie de tous les jours  !


Serge pour le Real de Madrid…
Quand on interroge Serge, dit Serge Aurier (International Ivoirien et ancien joueur de Toulouse et du Paris Saint Germain, actuellement à Tottenham Hotspur) sur son club préféré, il répond instantanément  : Oui j'ai une équipe préférée, celle-ci est le Real de Madrid par ce qu'elle pratique le meilleur football, pour moi. Oui, je suis le Real et ses joueurs lors de la retransmission des matches. Mais, en général parce que je suis un amoureux du football.
Serge, ivoirien, a dix-neuf ans. Il suit des études en classe de première au Lycée de Gagnoa. Il est originaire du village de Dobouo, proche de Mahibouo et de la grande ville de Gagnoa.

Serge, dit Serge Aurier.

J'ai commence à jouer à sept ans  ; ce qui m'a amené à pratiquer cette activité, c'est l'amour que j’ai pour ce sport. Je n’ai que des bons souvenirs, agréables pour moi. Jouer au football, cela m’apporte de la célébrité mais aussi l’obligation de rester l’un des meilleurs de ma génération au village. Cela permet la mise en forme de son corps mais aussi de se distraire comme le font nombre de jeunes chez nous.
Il poursuit  : Cette pratique est la meilleure chose qui me soit arrivée. Le football représente pour moi la passion, et avec le foot, je me sens très très bien dans mon corps mais aussi dans ma tête.
Par contre, la pratique du football se distingue en deux temps, un temps à Gagnoa et le deuxième au village. Je pratique le football à Gagnoa où j'ai adhéré à un centre de formation.


Serge et ses camarades de club.

Je fais partie d'un club qui ce trouve dans cette ville qui est le FC Obagui. Pour les conditions de mon centre de formation, il te faut payer les frais d’inscriptions et avoir des équipements. Pour le centre, je participe aux championnats.
Pour le village, c’est différent. Il faut acheter toi-même tes équipements. On doit être attentif aux autres, joueurs de son équipe, adversaires et arbitres compris. Il n'y a pas de cotisation ni de participation aux frais. Nous avons des entrainements qui se font sur le terrain du village. Je participe aussi à des compétitions officielles inter-villages. Cela se passe bien pour le centre de formation comme pour le village, à chaque lieu j’ai un coach.


Serge comme beaucoup de ces jeunes interviewés ont une représentation du monde du football professionnel énormément rattachée à la vision donnée par les médias  :
Il y a une très grande différence entre le football professionnel et le mien. Je pense que le football professionnel est un bon système, avantageux pour les joueurs qui en font leur métier. Si, le Real de Madrid est mon équipe préférée dont je suis les retransmissions, je regarde aussi beaucoup d’autres rencontres internationales en général parce que je suis un passionné du football.
Je suis né dans le football mais ce qui m'excite dans ce sport, c'est de voir les professionnels en action car je rêve d'être comme eux, je rêve de me retrouver sur un stade bien gigantesque  !



Serge (à droite) avec des amis prêts pour un entraînement au village.

Les nuits de nos jeunes passionnés du ballon rond doivent être peuplées de rêves aussi merveilleux les uns que les autres mais là aussi, il n’y a pas de la place pour tout le monde… Quand à l’opposition entre clubs icones espagnols, on va préférer le match nul… pour ne se mettre personne à dos  ! En fait, seule la passion l’emporte…