A propos de Espagne 82, la Coupe d’un monde nouveau

C’est en 1966 que l’édition 1982 fut attribuée à l’Espagne.
En plein régime franquiste donc, comme le rappellent les auteurs. Preuve s’il en fallait que, si scandale de l’attribution au Qatar il y a, ce n’est pas le premier dû aux instances pseudo apolitiques de la FIFA qui, en passant par l’Italie de Mussolini en 1934 ou l’Argentine de Videla en 1978, se sont toujours fort bien arrangées avec les régimes fascistes.

Mais revenons à la Coupe du monde 1982, propos de ce livre.

Les auteurs la replacent dans son contexte général, celui des années 80, dont la caractéristique principale est d’être, sur les plans politiques, économiques, sociaux, culturels, etc., l’apanage de celles et ceux qui veulent rompre avec «  les années 68  ». En Espagne même, c’est la «  transition démocratique  » … concept et termes qu’il convient d’interroger.
1982, est l’année du premier élargissement du nombre d’équipes admises en phase finale  : 24 équipes  ; 52 matchs  ;14 villes impliquées  ; la construction ou la rénovation de 17 stades  ; d’énormes investissements en infrastructures de transport et de télécommunication  ; un poids toujours plus fort des médias et des sponsors.

Juin 1982, c’est aussi la fin de la guerre des Malouines entre l’Argentine et l’Angleterre, le début de l’invasion du Liban par Israël visant à détruire la résistance palestinienne.
Il n’y aura pas de match Angleterre-Argentine lors de cette Coupe du monde, mais il y eut un Pologne-URSS, occasion d’une manifestation de soutien aux militantes et militants de Solidarnosc emprisonnées par le régime du général Jaruzelski.
Vue de France, la Coupe du monde 82, c’est bien sûr le légendaire France-Allemagne en demi-finale.
On se souvient aussi de l’émir du Koweït, entrant sur le terrain pour exiger – et obtenir – de l’arbitre qu’il annule un but durant les matchs de poule.
C’est aussi à ce niveau de la compétition qu’Autriche et Allemagne de l’Ouest organisèrent tout leur match pour chuter sur le score, 0-1, permettant leur double qualification au détriment de l’Algérie.
Cette édition fut aussi marquée par l’élimination en quart de finale d’une brillante équipe du Brésil, avec notamment Socrates et Zico.

Les deux équipes finalistes, Italie et Allemagne de l’Ouest, ne jouaient pas dans le même registre  ; leur parcours n’est pas caractérisé par des matchs inoubliables, loin de là. Bruno Colombani et Richard Coudrais ne se limitent pas à ces quelques exemples.
Au contraire, c’est toute l’édition 82 qui est ici rappelée dans le détail, sur un ton alerte.

Bruno Colombani et Richard Coudrais, Espagne 82, la Coupe d’un monde nouveau, Editions Solar, 2022.

Christian Mahieux