Euro  : groupe F  comme frissons, par Simon Lebris

Groupe F  comme frissons par Simon Lebris

Le coup passa si près que l’Allemagne tremble encore. La France, déjà qualifiée, a évité l’humiliation. Seules inattendues : les absences de la Russie et de la Turquie pour les huitièmes de finale. Et une déception pour la Hongrie.

La veille de ce Portugal-France, les données étaient claires et on peut remercier Platini d’avoir fomenté un Euro à 24 équipes  : les quatre meilleurs troisièmes ne pouvaient provenir, selon L’Equipe, des groupes BCDE, BCDF, BDEF et CDEF non plus que des groupes ABDE, ABDF ni ABEF.
Comprenne qui peut. On connaît le programme pour cette fin de juin frileuse ici et accablante de chaleur à Budapest, d’où émarge un Angleterre-Allemagne qui rappelle certaine finale de Coupe du monde sans hawk-eye ni VAR à Wembley en 1966. Croatie-Espagne, deux équipes aux résultats en dents de scie, ne devrait pas manquer de sel.

Pour ce qui concerne celle de Didier Deschamps, elle peut pousser quelques soupirs de soulagement (et quelques autres de désappointement)  : sa victoire initiale contre l’Allemagne lui a rapporté l’essentiel (3 points) malgré une inefficacité offensive surprenante quand son attaque est supposée l’une des meilleures du monde (mais 1 + 1 + 1 + 1 + 1 n’égale pas toujours un quatuor). Et KBZ – puisque le goût des sigles supplante les appellations – a enfin marqué et conjuré le mauvais sort (pénalty manqué, tir sur le poteau) des matches précédents.
C’est tout à l’honneur de son adversaire du jour et ancien partenaire au Real, Cristiano Ronaldo, de n’avoir pas attendu l’intimité des vestiaires pour le congratuler (après les bisounours, les bisoustars).
Deux buts chacun, deux résultats satisfaisants, la fin du match a égrainé ses passes ennuyeuses dont on n’accablera pas les acteurs  : l’horizon est encore loin. Le désappointement vient des blessures de Digne et surtout de Dembélé, dont il faudra bien qu’on nous explique pourquoi il rate tellement de passes a priori faciles  ; malheureusement pour lui, il a quatre mois de convalescence pour y réfléchir.

Zappant d’une chaîne à l’autre, on a pu suivre en même temps le calvaire de la Mannschaft face à une Hongrie talentueuse (Fiola, Kleinheisler, Sallai, Szalai) qui avait pourtant éliminé, mais seulement jusqu’à la 84ème minute et hormis deux minutes après l’égalisation d’Havertz, une Allemagne assez incohérente. Les jours de l’impassible Joachim Löw à sa tête sont comptés. Mais puisque paraît-il «  le football est un sport qui se joue à onze et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne  », il reste quinze matches à élimination directe pour infirmer ou confirmer ce dicton d’ailleurs obsolète.

Car cet Euro éparpillé, contrarié par le Covid, drainant des joueurs souvent marqués par des compétitions en club éprouvantes, cet Euro platinien n’a pas dit son dernier mot  : s’il pouvait être davantage façonné par le jeu combiné vers l’avant plutôt que vers l’arrière nous réjouirait.