Un vainqueur conforme à cet Euro 2021, par Loïc Bervas

Un vainqueur conforme à cet Euro 2021, par Loïc Bervas
Cette finale a été à l’image de la compétition  : le vainqueur n’a pas volé sa victoire, mais elle a été obtenue par l’épreuve si aléatoire des tirs au but, à l’issue d’une partie peu enthousiasmante.
Elle avait pourtant commencé par un coup de théâtre  : une belle volée de Shaw sur un centre de Trippier après deux minutes de jeu. Après ce départ en fanfare, les joueurs anglais, croyant que cette fois ils allaient enfin gagner un grand tournoi depuis celui de 1966, vont tenir le match, repoussant les Italiens dans leur moitié de terrain, sans toutefois mettre réellement le gardien Donnarumma en péril.

La réaction italienne, grâce à Chiesa, leur meilleur attaquant et à une conquête du sacro-saint milieu de terrain avec Verratti, Jorginho et Insigne, et aux astuces plus ou moins licites de ses experts en placement Bonucci et Chiellini, lui permit d’arriver à la séance des tirs aux buts. L’Italie l’emporta (merci Donnaruma  !) et sanctionna les déboires de Sala, Sancho et Rashford, pourtant mis en réserve pour cette épreuve par Southgate.

Cette équipe d’Italie s’était tirée de la phase de groupe assez facilement, en battant ses trois adversaires  : 3-0 face à une faible Turquie, 3-0 également contre une Suisse plus coriace – les Français en savent quelque chose  ! –, enfin 1-0 plus laborieusement devant un courageux Pays de Galles, réduit à dix en deuxième mi-temps. Mais surtout elle avait manifesté une capacité à construire des attaques à partir d’un bloc plus haut, ce qui changeait de son dispositif défensif traditionnel prudent assorti de contres rapides. La suite, dans les matches à élimination directe, fut moins flamboyante  : elle dut avoir recours à la prolongation en huitième contre l’Autriche (2-1). Contre la Belgique en quart, elle l’emporta 2-1 après un match intéressant. Mais elle s’en tira bien contre l’Espagne en demie, en utilisant les bonnes vieilles méthodes, pour parvenir aux tirs au but.

L’Italie a été conforme à beaucoup d’équipes de cet Euro  : irrégulière dans ses prestations d’un match à l’autre, en difficulté quand il fallait affronter des blocs bas. Les équipes, même présumées plus faibles, savent maintenant bien pratiquer une organisation défensive collective intelligente. L’Espagne, la formation qui a montré le meilleur jeu collectif à nos yeux durant cet Euro, elle-même a eu du mal à trouver dans les derniers 30 mètres les moyens de déséquilibrer ces défenses, des moyens qui demandent technique, vision collective… et précision des attaquants dans leurs tirs.